lundi 8 novembre 2010

D.O.A

C’est vrai j’aurai pu tenter un relooking violent, ou une remise à zéro, format and reboot. Mais que veux-tu lecteur(euse) quand un cabot traîne la patte, quand il se laisse aller un peu partout, quand il montre des signes de vieillesse ou plus encore quand sa tronche ne revient plus, il faut le faire piquer.

Parce qu’il fallait faire peau neuve donc, parce qu’à priori j’ai vraiment recommencé à écrire, parce que l’ancien avait fait son temps, parce que la tronche de Modern life is rubbish était trop chouette, parce que j’ai des copains dans le coin, parce voilà quoi … Rubrikabacs II, le retour de la revanche

Les nouvelles chroniques sont à lire ici www.rubrikabacs.tumblr.com

dimanche 7 novembre 2010

The Housemartins, period.


Et si on se faisait une introduction façon SF pour une fois.
Imaginons une dimension parallèle, un monde alternatif. Dans ce monde, outre le fait que je serais svelte et beau pour changer et parce que ça m'arrange, U2 n'aurait pas survécu à leur deuxième album, se serait séparé au beau millieu des années 80, Duran Duran n'aurait jamais vu le jour et bien d'autres calamités nous auraient été épargnées.

En lieu et place du rouleau compresseur mainstream nommé ci-dessus, The Housemartins vendraient des millions d'albums tous aussi bons les uns que les autres, nous porterions tous fièrement la brosse sans gel et des gilets trop longs, arborerions des bobines de gendres idéaux, danserions comme des demeurés, et ne raterions pas une date live de ce groupe phare dans notre hexagone.
Paul Heaton aurait roulé une pelle au pape et chanté comme un dieu pour les réfugiés de Sarajevo, Norman Cook aurait par miracle épousé une bombe ébène, et Stan Cullimore n'aurait pas besoin d'un bonnet, d'une moustache et d'une tonne de chorus et trois de delay pour faire rêver tous les 6 cordeux en herbe. "London 0 Hull 4" et "The people who grinned themselves to death" brilleraient au firmament des meilleurs galettes que ce monde ( fantasmagorique rappelons-le ) ait connu.
Seule ombre au tableau, je serai passé à côté de Freak Power, n'aurait pas chialé comme une madeleine après mon premier rateau au son de "Song for whoever", Fat Boy Slim n'aurait pas fait virevolter Christopher Walken dans un clip hors du commun.

Revenons donc sur terre.
U2 va bien merci, mais qui se soucie des Housemartins aujourd'hui ? Pas grand monde. Même moi, et ma science quasi infuse, ( merci pour mes chevilles, tout baigne ... ) si mon pote Ludo ( qui écoutait quand même un paquet de trucs pas complètement avouables à l'époque ) ne m'avait pas, un matin d'automne 1995, ramené sous le manteau une cassette de son frère, je serai peut-être resté tout aussi ignorant que toi, lecteur (euse), de ce fabuleux groupe.
J'ai copié la cassette, l'ai usé jusqu'à la corde, et aujourd'hui, comme la cassette est un support has been et qu'internet est mon ami, il est temps pour moi de balancer à la face du monde ou des trois péquins qui prennent la peine de lire ma prose, une salve de cassettes virtuelles d'Heaton et sa bande ( c'est le cas de le dire ah ah !! ).

The Housemartins, c'est avant tout un foutu groupe de soul. Y'a qu'à écouter les lignes de voix qu'Heaton balance de sa voix un poil nasillarde et les choeurs qui illuminent la discographie du groupe pour s'en rendre compte. Le groupe doit plus aux pouliches et étalons de Motown, Stax and Co qu'aux punk anglais et même à leurs illustres prédecesseurs du Swingin' London.

The Housemartins c'est avant tout un putain de groupe de pop extrêmement classieux, passé maître dans l'art du format court mené à toute blinde, de la ligne de basse bien middle et mélodique qui envoie du bois, de l'arpège de Rickenbaker cristallin qui terrasse, de la mélodie accrocheuse qui marque ton tympan au fer rouge dès les premières secondes, et de la rythmique sèche et tonique qui te fait taper du pied et bouger le carafon avant même que ton cerveau ne s'en rende compte.
En bas de l'édition vinyle UK de "London 0 Hull 4" on peut lire : "16 songs 17 hits". Jamais argument marketing n'a été aussi prétentieusement vrai, aussi diaboliquement incontestable, à tel point qu'il ne s'agit même pas d'un horrible sticker éventuellement décollable, c'est indélébile.

The Housemartins c'est avant tout un groupe engagé. Pas de "Fuck you I won't do what ya tell me" cromagnonesque bien qu'exutoire, mais une volée de textes bien sentis et fredonnés avec le sourire à la face de la Queen et de cette bonne vieille Maggie alors au pouvoir de l'autre côté de la Manche. La révolution avec la banane, la contestation joyeuse.
Autant de scuds balancés il y a vingt ans, et encore ( trop ) souvent d'actualité. Essaye celle-là tiens "For too long the ruling class have enjoyed an extended New Years Eve Party, whilst we can only watch, faces pressed up against the glass" ou celle-là "The people who grinned themselves to death, smiled so much they failed to take a breath, and even if their kids were starving, they all thought the queen was charming" ou encore celle-là tiens "Don't try gate crashing a party full of bankers, burn the house down" . The Housemartins fait ainsi figure de pendant politiquement concerné des Smiths ( autre groupe pour lequel je renierais père et mère ... papa, maman ceci n'est qu'une figure de style douteuse ). Bon certes, les angliches étaient également de fieffés religieux, des culs-bénis patentés, et mon côté anti-clérical me force à taire ce volet là de leur engagement. Nobody's perfec,t comme me le chuchote du fond de son caveau le cadavre fraichement recouvert deTony Curtis.

Pour éviter de faire ce qui deviendrait peut-être la première chronique à peu près lisible sans un mot de traviole, il va quand même falloir que je pointe tout de même les quelques menus défauts de The Housemartins. Mais franchement, c'est quelques microscopiques points noirs mériteraient presque d'être passés sous silence.
Quelques slow un peu dégoulinants quoique tout à fait supportables ( "The light is always green" qui fout au passage une belle branlée à Spandau Ballet, "Johannesburg" et ses relents de Gilberto Gil passé à la javel, "Lean on me" où Paul Heaton se prend un peu trop pour un castra de la Nouvelle Orléans ), la traditionnelle minute d'harmonica pub-rock instrumentale ( 3 au total sur les deux albums, on va quand même pas se gêner ) souvent largement dispensable.
Je pensais même flinguer les doo-wop gospel "He ain't heavy, he's my brother" et "People get ready" mais à les réécouter là tout de suite maintenant, je me dis qu'ils ont quand même un sacré charme.

Finalement mon intro philipkdickienne n'était pas si impensable.
Je vis dans cette foutu réalité augmentée. Je ne sais pas qui est Bono, je n'ai jamais entendu parler de U2, et The Edge n'est pour moi que le dernier mot d'un single d'Aerosmith sur "Get a Grip".
Par contre, presque quotidiennement et parfois bien plus en cas de crise aigüe, je m'injecte ma dose d'Housemartins avec le même plaisir sans cesse renouvelé et refuse de voir la réalité en face, le cruel constat qui veut qu'il n'y ait que deux albums et un best of de ce groupe pourtant monumental.
Parfois pourtant je me dis que tout ça n'est pas que le fruit de mon imagination, quand au détour d'une conversation, je mentionne Housemartins, et un de mes interlocuteurs glisse à la sauvette le clin d'oeil du résistant, ou s'il est plus courageux, s'enthousiasme la larme à l'oeil de ne plus se savoir seul sur cette putain de planète à avoir vu passer la comète pop et de ne pas s'en être remis.

vendredi 5 novembre 2010

Belle and Sebastian "Write about love"

Les gens posent souvent des questions cons, faut croire que c'est dans la nature humaine. Parmi cette armada d'interrogations débiles, celle des dix disques à emmener sur une île déserte me hérisse toujours le poil. C'est évident, si on me propose une île déserte avec seulement dix disques dans la valise, je ne pars pas, point barre.
Bon certes, en admettant qu'on me prédise à coup sûr un crash sur un bout de caillasse au milieu de l'océan en revenant de la première tournée interplanétaire d'Alone with King Kong, je prendrai mes précautions et trimballerai une platine et un bon paquet de cire. A coup sûr dans le lot, il y aurait Belle and Sebastian.

Ces écossais sont un véritable onguent, un groupe médicament, de ceux qui te remettent en selle quand tu as atterri au tapis, de ceux qui te font voir la vie autrement que comme un paquet d'emmerdements variés, de ceux qui permettent de rendre le quotidien souvent un peu moins pénible, de ceux à qui je pourrai tout pardonner.
7 albums au compteur, en comptant le dernier qui va dès maintenant passer sur le grill sous tes yeux une nouvelle fois ébahis lecteur (euse), une compil de singles, un live à la BBC et une B.O.
Pas grand chose à redire, fonce sur les singles, oublie la B.O ( bouh que c'est ennuyeux "Storytelling" ), passe ton chemin sur le live ( qui prouve que les prestations vocales de Stuart Murdoch sont loin d'être exemptes de tout reproche ) et craque pour tous les albums, car même les plus faibles ( "Fold your hands child you walk like a peasant" et "Dear catastrophe waitress") recelent toujours quelques perles qui valent le détour.

"Write about love" donc ... tout un programme.
Passons sur l'artwork qui est encore une fois simplement beau, dans la plus pure tradition belleandsebastianesque. Je te raconte même pas comme en vinyle ça a de la gueule.

A la première écoute, la production me gêne un peu, ça manque un poil de profondeur, c'est un peu gros son clinique, mais ce léger malaise disparaît peu à peu. Peut-être pas assez pour que ma langue de travailleuse sociale de bord de nationale se retienne. C'est enregistré à Los Angeles, une fois de plus la preuve éclatante que les grand-britons qui passent l'Atlantique sont souvent mieux servis chez eux, mais on aura encore l'occasion d'en recauser plus loin.

La seconde affirmation de cette nouvelle tentative de chronique potable sera un peu cruelle : ce "Write about love" ne m'a pas envoyé valser sur le fondement. Ce n'est pas mauvais loin de là, mais c'est en général un signe, quand je me cale au fond de mon fauteuil préféré pour écouter un disque et qu'à la moitié de la face A je commence à faire autre chose, c'est qu'il y a un léger souci. Ainsi l'album a tourné plus ou moins en musique de fond ( bouh honte à moi qui déteste ce terme ) depuis une semaine, sans qu'aucun titre ne vienne me chatouiller le tympan, dans le très bon comme le plus mauvais sens du terme.

Pourtant Belle and Sebastian fait une nouvelle fois du Belle and Sebastian, et jusqu'à maintenant ça avait suffit à faire mon bonheur. Mais tout paraît un peu plus terne sur cette album, les titres enlevés sont un peu moins accrocheurs ( "I didn't see it coming" et ses faux airs d'Electric light orchestra, "I want the world to stop" et ses choeurs systématiques pénibles ), parfois même fauchés en pleine montée de sève ("Write about love") , les mélodies moins bien senties ( oh que c'est culcul "Read the blessed pages"), tout ça ronronne gentiment quoi.
Oui je sais, je fais le blasé... si ce disque était le premier opus des écossais à atterrir sur ma platine, je gueulerais vraisemblablement au miracle, là je souris juste gentiment avec une vieille impression de déjà entendu.
Comme toujours deux, trois sillons sortent quand même du lot, "I'm not living in the real world" furieusement sixties et avec une vieille senteur des Who, "The Ghost of Rockschool" une ballade bien ficelée avec un break au tempo tassé malin, "Sunday's Pretty Icons" qui clos l'album sur une touche eighties et un gimmick de gratte franchement lobotomisant.

Et puis il y a le drame de cet album, dernière piste face A "Little you, Ugly Jack, Prophet John" .... les quarante premières secondes font tilt. Des ballades comme ça, Belle and Sebastian en ont pourtant pondu un paquet ( "Mornington Crescent", "Century of fakers" et "Fox in the snow" en tête ), mais dans ce domaine doux amer personne ne leur arrive à la cheville et tous ceux qui ont testé la recette se sont souvent lamentablement plantés. On y retourne donc, rhodes qui tue, batterie sèche, dépouillement et groove retenu,pelle cristalline, mélodie à se damner qui te perfore le lobe frontal d'entrée de jeu. Ca serre le ventre, ça titille les glandes lacrymales, mais ça ne dégouline pas, ça reste d'une retenue salutaire.
Et soudain, tout valse dans le décors direction le gâchis complet, la faute impardonnable. Attention éloigne les enfants et autres oreilles chastes de l'écran : putain de bordel de merde, c'est pas vrai, qu'est-ce qui leur a pris à ces connards d'écossais serrés dans leur pantalons trop courts de faire un duo avec Norah Jones ! Les bras m'en tombent...

Pourquoi faire appel à cette médiocre pisseuse ? La fausse crooneuse pour vieillard à l'oeil torve, la diva simili-jazz à cinq centimes d'euros pour enseignant branchouille inconditionnel de Télérama vient tout foutre en l'air, tout. Complètement à côté de la plaque la gonzesse.
Finie la retenue, là on y est, elle déboule avec ses gros sabots, son vibrato infecte, ses cordes vocales putassières qui t'indiquent d'un gros doigt vulgaire quand il faut commencer à trouver ça beau avec un grand B ....

Toujours difficile de démêler le coupable de la victime dans ce genre de situation, de décider sur lequel des deux tomber à bras raccourcis. Si c'est la bande à Murdoch qui a fait appel à cette grouillotte de bas étage, alors je jure de ne plus jamais acheter un album de Belle and Sebastian ( enfin avant le prochain quoi.... je sais, j'ai le pardon pas cher ), ils auraient pu au moins se rendre compte du massacre après la séance. Si c'est Norah Jones qui a demandé, ce qui tiendrait du mystère insoluble, on aurait quand même pu sympathiquement mais fermement lui montrer la sortie. Si même Belle and Sebastian se met à céder aux sirènes du duo radiophonique respectable et commercialement viable, je n'ai plus qu'à me pendre.
Pourtant qu'elle était bien à sa place sur Peeping Tom à sussurrer des insanités à l'oreille de Mike Patton, elle en était presque remonté dans mon estime... là retour à la case départ, cette pouffe m'a ruiné mon Belle and Sebastian.
Le duo avec l'inconnue Monica Queen sur le maxi "Lazy line painter Jane" a quand même une tout autre gueule, ils pouvaient pas la rappeler elle ? Ou Isobel Campbell ? Ou Cerys Mathews de Catatonia ? Même la femme de ménage du studio n'aurait pas fait pire. Bref, NORAH M'A TUER... j'enrage.

Bilan de l'opération, "Write about love" est à mon sens un album finalement moyen, peut-être celui que j'aime le moins de la totalité de leur discographie... "Life Pursuit" sentait un peu le renouveau, lorgnait sur le rock'n roll, était souvent très bon sans être mortellement inspiré. "Write about love" est son exact négatif, souvent décevant sans être pour autant mortellement mauvais.

Cheap yet precious

Les plaisirs à petit prix sont rares en ce bas monde. Dans ce Nord consumériste, pour la qualité,comme le style, il faut souvent ne pas hésiter à affronter le courroux de son banquier ou tirer un trait sur un tant soit peu de classe. Tente donc lecteur (euse) d'acheter un ersatz de Converse made in Chaussland, une pelle de chez Lag ou même une Logan tiens ...

Heureusement qu'il reste de petits îlots de résistance, ou plutôt des océans de bacs à vinyls remplis de galettes de deuxième ou de troisième voire même de vingt-cinquième main, communément appelés cheapos, pour faire exception à la règle.

Ca tombe bien, La Face Cachée, le disquaire quasi en bas de chez moi, vient d'ouvrir un deuxième magasin remplit de ces cheapos que j'affectionne tant. Vu la part non négligeable de salaire que lui laissent une foultitude de gugusses de cette bonne vieille ville de Metz, à un rythme presque mensuel, Médé, le taulier, nous devait, à moi et beaucoup d'autres, bien ça.

Pourtant, j'en suis la preuve vivante, et en ai fait moi-même l'expérience pas plus tard que la semaine dernière, la magie du marketing, le vaudou du commerce sont ainsi faits que cette nouvelle échoppe, "La face B", située juste de l'autre côté de la "A", ne peut au final qu'alourdir encore le poids du budget son d'un ménage comme le mien.

Tous les scénarii sont plus inévitables les uns que les autres : à 3€ le cheapos, tu te dis que tu peux bien te permettre d'aller jeter un oeil en face aux sorties qui affichent trois fois ce prix, si tu commences par ces dernières, tu te dis que tu n'es plus à 3€ près, et puis après tout c'est sur le chemin pour rentrer du centre-ville, on est quand même pas aux pièces... Face à un tel traquenard, je me dis souvent qu'on devrait m'accorder l'Ordre du Mérite pour ne pas avoir depuis 3 ans que je lorgne, que dis-je que je bave, que dis-je que j'en rêve jour et nuit, péter une pile et fait flamber la CB pour décrocher ce foutu coffret 8LP du Orphans de Tom Waits qui trône en haut des étagères.

Ayant donc trouvé un nouveau prétexte pour passer devant ce piège à mélomane savamment orchestré, deux heures à tuer avant de monter le matos pour un concert au Rubis, plutôt que d'aller tenter une sieste pourtant bien méritée après 5 jours de tournée, me voilà donc qui pousse la porte de la Face B jeudi dernier.

Je n'ai pourtant pas l'âme du chineur.
Les brocantes qui sentent le grenier, les frippes poussiéreuses me gonflent de manière générale, même si j'avoue faire deux ou trois expéditions annuelles chez Emmaüs, des fois qu'un imbécile aurait décidé de se séparer de l'orgue Hammond de grand-père ou de la Les Paul Custom de papa... au prix d'une couverture en polaire pour deux sans abris, faudrait quand même pas rater une occasion de faire sa B.A. Certes pour l'instant le butin ne se monte qu'à un Bontempi orange à soufflet mais on peut toujours espérer.
Par contre, plongez-moi dans une mer de cheapos, et l'étincelle du fouilleur s'illumine dans mes yeux. Même si je dois me taper deux cent cinquante 7' de Claude François avant de tomber sur la perle rare, même si je dois choper des ampoules aux doigts à force de passer les pochettes en revue, je ne laisserai pas un bac, pas un.
Il faut dire que c'est souvent comique les bacs à pas cher... le nombre de merdes qui s'y trimballent, le nombre de cadeaux débiles potentiels qui n'attendent que l'oreille sourde ou la main mal intentionnée pour atterrir à la caisse. Combien de Verchuren dans leur jus, combien de Dalida immondes, combien de compils infectes, combien de groupes de yéyé nauséabonds, combien de marins, combien de capitaines ... je m'égare.

La pêche de ce jeudi fut bonne et surtout surprenante... parce que 3€ ça permet de faire des essais.

THE STYLE COUNCIL - GROOVIN'
THE STYLE COUNCIL - MY EVER CHANGING MOODS


On ne présente pas Paul Weller hein ? Bon d'accord, je reprends mon bâton de pèlerin et contribue une nouvelle fois à ta culture générale, lecteur (euse).
Paul Weller au départ c'est The Jam, le groupe Mods qui a tout dynamité sur son passage avec un "In the city" dévastateur en 1977 et que tu vas me faire le plaisir d'aller écouter séance tenante, tellement ça déboîte, ça remue, ça tabasse, et ça sonne. Du rythm and blues joué à trois cent à l'heure par des petits blancs becs londoniens fins énervés et salement amochés par la vague punk. Un monument du rock'n roll à elle toute seule cette galette.
J'ai mis un paquet de temps à m'en remettre d'"In the city", avant de prendre une seconde torgnole avec "This is the modern world" , mais il faut reconnaitre que The Jam broutent un peu par la suite, accusant une sévère baisse de régime sur les derniers albums avant le split en 1982.
Paul Weller ne refait surface dans ma discothèque qu'avec l'album solo "Stanley Road" en 1995... De ce qui s'est passé pendant ces 13 ans je ne savais encore rien ... mais comme je le disais à 3€ ça se tente.
Autant le dire de suite, j'aurai pu continuer à vivre sans écouter The Style Council, je me serai peut-être même un peu mieux porté, et ce bon vieux Paul n'aurait peut-être pas vacillé sur son piédestal l'espace du premier quart d'heure qu'il m'a fallu pour écouter ces deux maxis et du second pour trier l'acceptable de l'impardonnable.

Les années 80 ont un énorme point commun avec le fromage, à ceci près que je les adore, ça pue souvent très fort de prime abord et ça se révèle souvent bien meilleur qu'on le pensait.
Passons donc sur cette prod hyper froide, ce son raide et sans grand relief, ce mix des voix ultra lisse, ces synthés qui schlinguent, et commençons par la mauvaise surprise.
"Groovin" est un véritable carnage, un hybride foireux entre soul raccolo-dégoulinante schmoovy et pop mal gaulée... rien que le walking slappé de la basse mesure quatre du "Big boss groove" de la face A est un vomitif radical. Les cuivres en font des tonnes, mais finalement moins que la dulcinée de Weller ( pourtant ex-choriste de Wham ! ) qui te balance des choeurs téléphonés et des effets de chanteuse à voix qui me font littéralement sauter au plafond. Même Weller a du mal à tirer sont épingle du jeu, la voix est claire, sans âme, beaucoup trop propre, mais ce n'est finalement rien à côté de son acolyte aux claviers qui envoie des voicing et des chorus de piano et d'orgue dignes d'un Charlie Oleg paraplégique ivre mort.
Et pourtant il y a une légère lumière au bout du tunnel : un refrain imparable, de ceux qui mettent la banane dans la seconde, font du couplet suivant une belle traversée du désert, et sauvent le morceau du naufrage complet.
La face B est encore pire, avec un "You're the best thing" digne d'une B.O de divertissement pour adultes avec ses inévitables cordes au DX7 et sa basse fretless qui pue. On ne va donc pas perdre de temps, le mien en tous cas, parce que le vôtre est quand même le cadet de mes soucis.

"My ever changing moods" tiens par contre toutes ses promesses. Une bonne de pop song bien gaulée, et qui envoie. Même si de prime abord, les défauts du précédent maxi pourraient plomber celui-là tout pareil ( saleté de guitare whawha en arrière plan, congas pénibles, son de basse douteux.. ), reste que le titre est quand même bien meilleur, bien plus catchy, plus contrasté... faut pas hurler au chef d'oeuvre non plus, mais ce Style Council là tiens la dragée haute à George Michael et Lloyd Cole. A la hauteur de ce qu'on peut espérer d'un Weller en forme quoi.
La face B attaque avec "Summer Autumn", un guitare voix acceptable bien que peux inspiré et produit avec un manche de pioche, qui dégénère avec un synthé de plus à oublier dans les meilleurs délais . Le deuxième titre "Mick's Company" ne fait qu'enfoncer le clou quant au peu de bien que je pense de Mick Talbot, le grouillot de claviériste qui livre ici un instru proche de la démo de clavier de chez Auchan.

6€ pour un titre et refrain, j'aurai pu mieux faire, mais au moins je suis désormais un peu moins con, j'ai écouté The Style Council, et je vais pouvoir retourner l'esprit tranquille à "Stanley Road" et "Heavy Soul".

ROXY MUSIC "Avalon"

La claque que j'ai pris en découvrant Roxy Music. Les trois premiers albums sont juste fabuleux. Brian Eno n'était pas encore chiant et ne produisait pas encore Coldplay et U2, Brian Ferry n'avait pas encore la dégaine de Franck Michael qui fait les promo pour du pâté au rayon frais de ton supermarché favori le samedi après-midi.
On m'avait prévenu qu'"Avalon" était mauvais. On ne m'avait pas prévenu que la pochette pouvait largement postuler au titre des cover les plus laides de l'histoire. Y'a quand même des graphistes qui méritent des baffes ( on pourrait même remplacer le deux f par deux l non ? )
Mais voilà, piste 1 face A .... "More than this". Tout est dit. Ceux qui ont vu "Lost in Translation" se souviennent de la version de Bill Murray, ou à défaut sauront maintenant de qui est ce morceau. Je ne connaissais pas l'original, il fallait donc une nouvelle fois que je me culture.
Nom d'un vieux barbu omnipotent que ce titre est énorme ! La ballade up-tempo de génie par excellence. Certes on retrouve une nouvelle fois les odieux stigmates des eighties, mais bon sang que le songwriting frôle la classe ultime ( aux nappes de synthé et ad-lib de guitare caca près ), que Brian Ferry chante comme un dieu que ça m'en fout la chair de poule rien que de l'écrire.
Et que la chute est rude et longue... tout le reste du disque est clairement à jeter, exception faite d'"Avalon" qui reste audible et pas si désagréable ( mais merde quand même, le solo de sax et la fretless avec chorus, c'est pas encore interdit par la convention de Genève ? ).

The Maisonettes "Heartache Avenue"



Ma main droite au feu que tu n'as jamais entendu parler des Maisonettes, à moins d'être comme moi un inconditionnel de Belle and Sebastian et d'avoir remarqué que deux des membres ( en l'occurence les deux choristes ) sont créditées sur le maxi "Legal Man". Ce titre de Belle and Sebastian figurant dans mon top 10 des meilleurs titres écossais de tous les temps, quand je tombe sur un maxi des Maisonettes entre un Rika Zaraï et un best of de Johnny Winter, je n'hésite pas une demie seconde.
Le hasard est parfois un sacré blagueur, et je suis parfois un handicapé qui s'ignore. J'ai posé la face B en premier.
Premier titre "The last one to know", un slow qui tue. Pour du 83 ça sonne bien organique, presque chaleureux, pas de faute de goût ou de signe des temps, c'est hanté par le fantôme de Brian Wilson ( le pont surtout ), un petit gimmick de gratte et trompette dans le lointain façon Burt Baccarach, une mélodie qui tient la route... putain mais ça a l'air bien les Maisonnettes tous seuls dis-donc. Deuxième titre plutôt bien foutu, refrain catchy qui va bien, choeurs imparables à la Tamla, format un poil court et léger arrière goût d'inachevé. C'est tellement la bonne surprise que je me remets la face tiens.

Ma main gauche au feu que tu connais la face A. Je devrai arrêter ce genre de pari ou je vais finir grand brûlé. "Heartache avenue", sur le papier, moi non plus ça ne me disait rien, il m'a suffit de 15 secondes pour mesurer mon erreur. Putain de tube planétaire à l'époque j'en suis sûr, j'ai entendu ça quand j'étais gosse. Et la vache que c'est bon ! Ca sonne soul à bloc, ça stimule l'arrière train, c'est frais, et encore une fois ces deux choristes tiennent carrément la baraque debout. Pour tout vous dire, même ce foutu synthé qui permet une nouvelle fois de faire l'économie d'une section cuivres, a son charme, et je me demande presque si je ne le préfère pas à de vrais binious joués live. Franchement si Phil Collins avait eu du goût, des cheveux, et ne s'était pas pris les pieds dans le tapis en tentant vainement de reprendre The Supremes, il aurait remonté ses manches, rasé sa nuque longue et écrit "Heartache avenue", ça m'aurait aidé à supporter les fins de soirées trop arrosées chez un pote fan du Phil. Au lieu de ça c'est le frontman inconnu, des pas plus connues Maisonnettes, du nom de Lol Mason (qui ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à Lonsdale dans Moonraker... lol hein !! ) qui lui chourave le poste de meilleur titre façon Motown non signé chez Motown.
Une fois n'est pas coutume, je vais même te mâcher le boulot et tu pourras écouter les Maisonettes ici : http://www.youtube.com/watch?v=HjziECMPgyk avant de te ruer sur le premier bac à cheapos venu, parce qu'après tout, comme on nous le serine tous les matins, c'est la crise.